Caracas envoyé spécial
La réélection, dimanche, de Hugo Chávez ferme une boucle. Le président vénézuélien a été élu pour la première fois il y a huit ans, en 1998. Depuis, toute l'Amérique latine ou presque a basculé à gauche. Le Chili, en 2000, avec l'élection de Ricardo Lagos le prédécesseur de Michelle Bachelet, élue en janvier. Le Brésil, en 2002, où Lula a été réélu il y a deux mois. L'Argentine, en 2003, avec Néstor Kirchner. L'Uruguay, en 2004, avec Tabaré Vazquez. Plus récemment : la Bolivie d'Evo Morales, le Pérou d'Alan Garcia ou le Nicaragua, symbolique, avec le retour de l'ex-guérillero sandiniste Daniel Ortega. Et, il n'y a pas moins d'une semaine encore, la victoire de Rafael Correa en Equateur. Hugo Chávez aurait donc ouvert la voie à ce carton presque plein. Dans la chronologie, pas dans l'idéologie ou la pratique de gouvernement. Il y a autant de divergences entre le rose pâle social-démocrate de Michelle Bachelet, qui va chercher ses références chez la gauche scandinave, et le rouge de la «révolution bolivarienne» de Chávez, qui ne jure en paroles du moins que par son «père», le dictateur Fidel Castro.
Modèle cubain. Ce n'est pas «la gauche» qui a conquis l'Amérique latine, mais «des gauches», aussi éloignées qu'il y a de distance entre Santiago et Caracas. Mais combien de gauches ? Deux ? L'une supposée sociale-démocrate (ou néolibérale), l'autre présumée radicale (ou authentique) ? Vu l'état de délabrement de l'île, il y a longtemps que le modèle cuba