New Delhi de notre correspondant
C'est une lutte totalement oubliée, qui mériterait pourtant d'entrer dans le Livre des records. Depuis plus de six ans, Irom Chanu Sharmila, une jeune femme originaire du Manipur, un petit Etat du nord-est de l'Inde, près de la frontière birmane, est en grève de la faim. Forte d'une détermination hors du commun, elle refuse même de se laver les dents avec autre chose que du coton. Si elle est encore en vie, c'est uniquement parce que les autorités indiennes la forcent à ingurgiter quotidiennement un cocktail vitaminé par un tube nasal. «Au début, j'essayais de l'arracher, raconte-t-elle, allongée dans sa petite chambre d'hôpital, surveillée de près par plusieurs dizaines de policiers. Mais ils me le remettaient de force, alors maintenant je les laisse faire. Mais je poursuivrai ma grève de la faim jusqu'à ce que le gouvernement abolisse, enfin, cette loi.»
La longue lutte de Sharmila vise à protester contre l'Armed Forces Special Powers Act, ou Afspa, qui, entré en vigueur en 1958, donne les pleins pouvoirs aux forces armées indiennes dans les zones touchées par des insurrections armées. Selon New Delhi, cette législation extraordinaire est «nécessaire» pour maintenir l'ordre dans certaines régions comme le Cachemire ou les Etats du Nord-Est dont Manipur , qui sont tous en proie à des rébellions séparatistes meurtrières. Pour les militants des droits de l'homme, il s'agit surtout d'une violation flagrante de la Co