Pékin de notre correspondante
La «parade du vice» sentait bon la «Révo Cul» la semaine dernière à Shenzhen. A l'initiative de la police locale, des prostituées et leurs clients, une centaine en tout, ont dû cheminer dans les rues de la ville devant une foule silencieuse. Arrêtés lors d'un «raid antivice», menottés et tous vêtus d'un tee-shirt jaune éclatant, d'un pantalon noir et de sandales, les coupables ont marché en file indienne entre deux rangées de policiers imperturbables, le visage à moitié caché sous un masque sanitaire blanc. Puis on les a fait s'arrêter, tête baissée, comme au temps de la Révolution culturelle, tandis que leur nom, leur âge et leur ville d'origine étaient lus à voix haute. Derrière chaque prisonnier se tenait un policier.
«Couches ténébreuses». L'objectif, a expliqué un responsable de la police au journal Orient, de la province de Henan, était d'«effrayer les délinquants et d'éradiquer les couches ténébreuses de la société». L'humiliation faisait partie du processus.
Mais la Chine d'aujourd'hui n'est plus celle des années Mao. Les images retransmises par les télévisions de Hongkong et surtout sur l'Internet ont provoqué l'indignation de milliers de citoyens. Un jeune avocat de Shanghai, Yao Jianguo, a pris la tête du mouvement en écrivant une lettre à l'Assemblée nationale populaire : «Cette action est inhumaine, inefficace et surtout illégale.» L'avocat dénonce une «violation de la dignité humaine» et affirme que la loi