Moscou de notre correspondante
Deux mois après le scandale de la Légion d'honneur épinglée par Chirac sur la poitrine de Poutine, la France compte remettre aujourd'hui les insignes d'officier de la Légion (soit le deuxième rang de l'ordre, quand Poutine a reçu le cinquième et suprême grade, celui de grand-croix) au célèbre dissident soviétique Sergueï Kovalev. Condamné à sept ans de camp de travail en 1975 pour «propagande antisoviétique», Kovalev, 76 ans, est un fervent critique de Poutine. Rencontré dans son modeste HLM de la banlieue de Moscou, il explique pourquoi il compte, malgré tout, accepter cette médaille.
Pourquoi accepter une décoration d'un Etat qui semble honorer aussi bien bourreaux que victimes ?
J'ai bien réfléchi, puis j'ai décidé d'accepter cette décoration car elle signifie aux dirigeants russes : "Ne croyez pas que nous traitons seulement avec vous. Vos opposants ne sont pas moins importants, nous les estimons aussi."
L'Occident ne sait toujours pas comment s'y prendre avec la Russie ?
La position occidentale typique est de dire : "Voici le point de vue des officiels russes et voici celui de leurs détracteurs." Les deux points de vue sont placés à égalité, alors même que les hommes politiques occidentaux savent pertinemment que les officiels russes mentent. Vos dirigeants ne sont pas idiots mais jouent les hypocrites. Vous êtes habitués à votre confort et préférez ne pas voir ce qui le troublerait. A quoi bon penser que l'on torture en Tchétchénie ? Qu