New York de notre correspondant
Jeff Stein est en train de devenir célèbre pour une activité qui peut sembler anecdotique mais qui en dit long sur la politique américaine. Spécialiste des questions de sécurité nationale au Congressional Quarterly, un éditeur de publications politiques auxquelles sont abonnés, entre autres, 95 % des parlementaires américains, il achève ses interviews avec des hommes politiques ou des responsables du FBI en leur demandant quelle est la différence entre sunnites et chiites ou ce qu'est le Hezbollah. Autant de questions pièges.
Légitimité. Sa dernière victime s'appelle Silvestre Reyes, futur président du Comité sur le renseignement de la Chambre des représentants. «Al-Qaeda est sunnite ou chiite ?» lui demande Jeff Stein. «Les deux», répond le Congressman. Avant de préciser : «Surtout, probablement chiite.» Pas de chance, «il ne pouvait se tromper davantage», commente le journaliste. Une question plus facile alors : «Qu'est-ce que le Hezbollah ?» Réponse : «Hezbollah... Pourquoi me posez-vous de telles questions à 17 heures ? Puis-je répondre en espagnol ?» La publication de l'article sur Reyes, le 8 décembre, a logiquement remis en question sa légitimité.
«Je ne cherche pas à les coincer, se défend Stein. Lorsqu'il devient clair, lors des interviews, qu'ils ne sont pas compétents, je leur pose ces questions directement.» Le journaliste n'a conduit qu'une douzaine de tests, qui