New York de notre correspondant
C'est le crime le plus grave perpétré par des soldats américains en Irak. Le 19 novembre 2005, 24 civils sont morts, tués de sang froid à Haditha, à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad. Jeudi soir, quatre marines ont été inculpés pour meurtre, et quatre autres pour avoir menti sur ce qui s'était passé. Tous comparaissaient devant une cour martiale, sur la base militaire de Camp Pendleton (Californie). Les charges retenues témoignent d'une double volonté de la part de la justice militaire : réagir avec vigueur à cette tuerie et incriminer non seulement les coupables mais aussi les officiers qui ont cherché à les couvrir.
Le principal inculpé, le sergent Frank Wuterich, 26 ans, est accusé de meurtre sans préméditation sur douze personnes. Il est aussi accusé d'avoir ordonné le meurtre de six autres personnes dans une maison. Selon des documents révélés au tribunal, il aurait lancé aux soldats qui s'apprêtaient à y pénétrer : «Tirez d'abord, vous poserez les questions ensuite !»
Le drame a débuté après l'explosion d'une bombe artisanale au passage d'une patrouille, tuant un soldat. Selon l'accusation, les marines se sont lancés dans trois heures de tuerie en représailles. Ils ont exécuté les cinq occupants d'un taxi qui s'approchait. Au total, dix des victimes étaient des femmes ou des enfants, tués à bout portant.
Les avocats des soldats ont livré une tout autre version : des insurgés cachés dans des maisons auraient commencé à tirer