Mogadiscio envoyé spécial
Pas un bruit, ou presque. Mogadiscio retient son souffle. Hier matin, les rues de la capitale somalienne se sont un peu plus vidées. Seuls de rares véhicules circulent, un magasin sur deux est fermé. Le vent a subitement tourné. Depuis lundi soir, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'Union des tribunaux islamiques. Les troupes éthiopiennes avancent sur tous les fronts et seraient à moins de 100 kilomètres de la ville. L'air semble soudain plus rare dans la capitale somalienne, bastion des autorités islamistes. «Les gens se terrent chez eux, explique au téléphone le responsable d'une ONG locale. Ils ont peur de tout, de l'arrivée des Ethiopiens, des combats, des Tribunaux islamiques, qui ne veulent pas qu'on parle de défaite.»
Appel à la guérilla. Dans une conférence de presse improvisée hier matin, le cheikh Cherif, président du comité exécutif des Tribunaux islamiques, a tenté de présenter ce qui commence à ressembler à une débandade comme des «retraits tactiques» : «J'ai demandé à nos troupes de se retirer de certaines positions, mais je m'attends à ce que la guerre s'étende partout. Je demande aux Somaliens de donner leur vie et leur argent pour la défense du pays.» Un appel à peine voilé à la guérilla, comme si le temps des batailles rangées était déjà dépassé. A Mogadiscio, la population attend dans un mélange d'anxiété et de résolution : «Nous nous battrons jusqu'à la mort», jurent tous les habitants, h