Les deux bêtes noires du régime de Brazzaville n'iront pas en prison, mais le pouvoir a réussi à les faire condamner. Tel était le sentiment, hier soir, des proches de Christian Mounzéo et de Brice Massoko, deux activistes congolais qui militent pour une gestion transparente de la rente pétrolière. L'or noir représente 78 % des revenus budgétaires de cette ancienne colonie française, une des places fortes d'Elf à la «grande époque» d'Alfred Sirven, aujourd'hui dévolue à Total, dont le siège trône fièrement sur les bords du fleuve Congo.
Malgré le soutien actif d'associations française (Secours catholique) et britannique (Global Witness), le tribunal de Pointe-Noire a condamné, hier, Mounzéo et Massoko à un an de prison avec sursis et à des amendes de 300 000 francs CFA (457 euros) dans une obscure affaire de détournement de fonds. Les deux hommes, qui ont été jugés «coupables» de «faux et usage de faux et abus de confiance», ont annoncé leur intention de faire appel. «Les autorités n'ont pas osé les renvoyer en prison, comme en avril, mais elles ont réussi à faire condamner deux militants de la transparence pour détournement de fonds», déplore Grégoire Niaudet, du Secours catholique. Au printemps dernier, la Banque mondiale elle-même s'était émue du harcèlement judiciaire contre les deux hommes. Mais le régime de Denis Sassou-Nguesso s'est senti assez fort pour défier ouvertement l'institution financière. Ce proche de Jacques Chirac sait pouvoir compter s