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Libération

«Un choix génial et pervers»

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Poison radioactif redoutable, le polonium a tué l'ancien agent russe Litvinenko.
publié le 30 décembre 2006 à 0h41

D'un joli gris argenté, il est peu encombrant, facile à transporter et puissamment mortel : le polonium 210, isotope radioactif qui a servi à tuer l'ancien agent russe Alexandre Litvinenko, en novembre à Londres, est la révélation de l'année 2006 dans la catégorie des poisons.

Connu depuis 1898, grâce à Pierre et Marie Curie, et baptisé en l'honneur de la patrie d'origine de la physicienne, la Pologne. Le Po aurait été pour la première fois cette année utilisé à fin d'assassinat radiologique. «Un choix génial et pervers», souligne le physicien Peter Zimmerman, du King's College de Londres. Les rayons alpha émis avec grande énergie par le Po-210 sont en effet facilement stoppés par n'importe quelle feuille de papier ou vêtement, ce qui rend le polonium facilement transportable dans une capsule ou même une enveloppe. Une fois rentré à l'intérieur de l'organisme, avalé ou inhalé, ses rayonnements sont en revanche dévastateurs. Parvenu dans l'appareil gastro-intestinal de Litvinenko, le polonium «a rapidement tué les cellules de la paroi de son intestin, explique le professeur Zimmerman, elles se sont détachées, provoquant des nausées, plusieurs hémorragies internes et une énorme douleur. C'était comme si ses organes internes avaient subi de graves coups de soleil et pelé».

«Un microgramme suffit». Selon les premières bribes d'enquête que la police britannique a laissé filtrer, Alexandre Litvinenko, 43 ans, aurait été empoisonné le 1er n