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Histoire d'une ascension violente

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L'histoire personnelle de Saddam Hussein est ancrée dans la violence • Elle commence près de Takrit, au coeur du «triangle sunnite» de l'Irak, le 28 avril 1937 •
par Jean-Pierre PERRIN
publié le 31 décembre 2006 à 7h00

L'histoire personnelle de Saddam Hussein est ancrée dans la violence. Elle commence près de Takrit, au coeur du «triangle sunnite» de l'Irak. Lorsqu'il y naquit, le 28 avril 1937, la ville était moribonde. Son village natal, Al-Awja, encore plus. Saddam fut d'ailleurs fier de ses origines très modestes. Son père, il ne l'a pas connu, et son beau-père, Ibrahim Hassan, le frappe sauvagement. Il grandit dans cette misère et devient un ibn aziqa, un «fils des ruelles».

Dès l'âge de 8 ans, il fuit le domicile familial pour rejoindre son oncle maternel, Khairallah Tulfah. Ancien officier, chassé de l'armée pour avoir pris part en 1941 à une révolte proallemande contre le colonisateur britannique, cet homme ne cache pas son admiration pour les régimes fascistes. Il éduque Saddam, lui apprend à manier les armes. Plus tard, il lui donnera sa fille en mariage, grâce à laquelle il entrera de plain-pied dans la grande tribu des Albou Nasser. Saddam fera de son mentor le maire de Bagdad.

Dès l'âge de 14 ans, le jeune Saddam adhère à une cellule clandestine du Baas, le Parti de la renaissance arabe, qui mélange panarabisme, nationalisme et socialisme sur fond de laïcité. Il a 19 ans lorsqu'il participe à une tentative de coup d'Etat. Echec. Mais, le 14 juillet 1958, le roi Fayçal et sa famille sont massacrés, le Premier ministre, Nouri Saïd, pendu à un croc de boucher et dépecé. Le général Abdel-Karim Kassem, proche des communistes, proclame la République, puis la tran