Menu
Libération

Saddam, une exécution rapide après un procès bâclé

Article réservé aux abonnés
ANALYSE. Saddam a été pendu, mais le procès qui a mené a son exécution n'a jamais satisfait les organisations internationales, qui remettent en question le tribunal qui a abouti à la condamnation de l'ex raïs •
par Marc SEMO
publié le 31 décembre 2006 à 7h00

Saddam Hussein ne sera finalement jamais condamné pour l'extermination de deux cent mille Kurdes pendant l'opération Al-Anfal en 1988, où furent utilisées des armes chimiques contre la population civile. Il n'y aura non plus jamais de procès de l'ancien dictateur irakien pour les massacres de centaines de milliers de chiites dans l'écrasement de la révolte de 1991 après la première guerre du Golfe. Le jugement de l'ex-homme fort de Bagdad aurait dû être un des actes fondateurs du «nouvel Irak démocratique» et du «rule of law» (Etat de droit) que l'administration américaine affirmait vouloir instaurer en renversant le régime baasiste.

Condamné à mort le 5 novembre pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl, celui-ci a finalement été exécuté peu après le rejet de son dernier recours. Les autorités irakiennes ont manifestement voulu imposer au plus vite le fait accompli.  La mise à mort du «tyran déchu» était éxigée par une grande majorité d'irakiens. En premier lieu les chiites (60 % de la population) et les Kurdes (20 %), qui furent les principales victimes du défunt régime. Mais les sunnites (20 %), privilégiés dans l'ancien système, s'indignent d'une exécution et d'un verdict prononcés par un tribunal considéré comme une pure et simple émanation de l'occupant.

En outre, en Irak comme à l'extérieur beaucoup restent convaincus que la pendaison précipitée de l'ex Rais visait à éviter qu'il n' évoque dans des procés ultérieurs les soutiens reçus d