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Libération

La bavure israélienne qui bouleverse Tulkarem

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Après le meurtre de Doaa, une fillette de 13 ans, son père n'a pas pu se rendre à ses funérailles.
publié le 2 janvier 2007 à 5h15

Tulkarem envoyé spécial

Par manque de temps et d'argent, il n'a pas dressé de tente funéraire devant l'immeuble, comme le veut la coutume. C'est dans son petit salon qu'il reçoit les condoléances. Toutes les cinq minutes, de nouveaux visiteurs surgissent dans l'embrasure de sa porte. Des amis, des voisins, des proches, des anonymes... L'homme les embrasse, puis les invite à s'asseoir. Son fils leur tend une tasse de café sans sucre. «J'ai reçu des centaines d'appels de gens que je ne connaissais pas. Beaucoup d'Israéliens m'ont téléphoné pour s'excuser. Tous sont les bienvenus. Je n'ai pas soif de revanche», déclare Nasser Abdel Qader.

Sa fille, 13 ans, a été tuée six jours plus tôt par un soldat israélien à quelques kilomètres de là, près de la barrière électronique qui longe la ville palestinienne de Tulkarem. Une «bavure». Le militaire a été suspendu et son supérieur démis de ses fonctions. Tsahal a ouvert une enquête. Doaa avait des cheveux bruns coupés courts, le regard volontaire, un visage oblong. Sa photo circule de main en main avant de regagner le coin de l'unique tableau qui orne la pièce, illustré d'une sourate du Coran. «Je suis mort deux fois, se lamente son père. La première fois en perdant ma fille ; la seconde, en étant absent lors de ses funérailles.»

Doaa a été enterrée le lendemain de son décès, le 20 décembre, conformément au rite musulman. Nasser était alors dans une prison, près de Tel-Aviv. Cet ouvrier palestinien de 38 ans attendait