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Libération

La justice éthiopienne rattrape Mengistu

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L'ex-dictateur en exil a été condamné à la prison à vie pour la mort de milliers de personnes.
publié le 12 janvier 2007 à 5h25

L'ancien dictateur éthiopien Mengistu Haïlé Mariam a rejoint hier le petit groupe d'ex-dictateurs africains condamnés par la justice de leur propre pays et coulant des jours tranquilles en exil. Poursuivi pour génocide pendant la Terreur rouge (1977-1978), la Haute Cour fédérale d'Ethiopie l'a condamné, en même temps qu'une cinquantaine d'autres accusés, à la prison à vie par contumace à l'issue d'un procès qui aura duré plus de dix ans.

Surnommé le négus rouge, en référence au sang versé sous son régime et à la coloration marxiste de sa dictature, Mengistu, 69 ans, risquait la peine de mort. «Etant donné l'âge de l'accusé [...] et son état de santé, le tribunal a rejeté la demande du parquet de le condamner à mort et a choisi la réclusion à perpétuité», ont décidé les juges. Le parquet a fait appel. Le Zimbabwe, qui a accueilli Mengistu il y a seize ans, en mémoire d'un temps où l'Ethiopie marxiste entraînait et armait les camarades qui luttaient pour la libération de l'ex-Rhodésie, a exclu hier d'extrader cet «invité spécial». Mengistu avait trouvé refuge chez Robert Mugabe, après avoir été chassé du pouvoir par des insurgés conduits par Meles Zenawi, l'actuel Premier ministre éthiopien.

Des dizaines de milliers de morts dans des purges démentes ou au champ de bataille, des déplacements de populations et des famines qui ont endeuillé ses quatorze années au pouvoir, Mengistu n'a rien renié. «Le soi-disant génocide était une guerre de défense de la révolution»