Tokyo de notre correspondant
Ce bunker de style stalinien pourrait être le dernier palais de Kim Jong-il. En fait, l'énorme édifice inauguré mardi à Tokyo par le Premier ministre japonais Shinzo Abe et des militaires et officiels en queue de pie est le premier ministère nippon de la Défense. Jusqu'alors, cette institution, dite le boecho, était une «Agence». Un secrétariat d'Etat à la tête des Jietaï, les «forces d'autodéfense». Depuis mardi, elle est dirigée par un ministre de la Défense en bonne et due forme, Fumio Kyuma, premier civil à occuper ce poste depuis la Seconde Guerre mondiale.
Avec ce nouveau superministère élevé sur le site de l'ancienne école militaire fondée par des Français en 1876, le Japon se mue définitivement en puissance décomplexée, qui consacre à sa défense le cinquième plus gros budget mondial (31 milliards d'euros par an). Certes, les forces armées nippones demeurent complètement liées, en cas de crise, à celles des Etats-Unis qui maintiennent 105 bases et 46 000 hommes sur son territoire. En outre, les soldats nippons ne sont toujours pas autorisés à tirer un coup de feu sauf pour se défendre. Il n'empêche que depuis 1992 et l'adoption de la loi dite PKO de maintien de la paix, le Japon s'est senti pousser des ailes. Il a participé (au Cambodge, au Rwanda, etc.) à nombre de missions de maintien de la paix de l'ONU. Aujourd'hui, il veut plus. Si possible un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, organisation