Soulagement ! Ce mot revenait sans cesse, hier, après l'énoncé du verdict du tribunal de première instance de Casablanca dans l'affaire Nichane, cet hebdomadaire arabophone accusé de «diffamation envers l'islam et la monarchie» (Libération des 12 et 15 janvier). Son directeur et l'un de ses journalistes ont finalement été condamnés à trois ans de prison avec sursis et 80 000 dirhams (7 220 euros) d'amende, le journal étant interdit pour deux mois.
Certes, ces peines paraissent bien lourdes pour sanctionner un dossier intitulé «Comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique»et illustré par quelques noukat (blagues populaires) impliquant Mahomet, les islamistes et Hassan II. Mais le ministère public avait requis cinq ans de prison ferme, l'interdiction du magazine et une interdiction professionnelle à vie pour Driss Ksikes, directeur de la publication. Des demandes disproportionnées qui ont soulevé un tollé et une mobilisation au Maroc comme à l'étranger.
Du coup, le verdict avait aussi valeur de test sur la capacité de Rabat à accepter une certaine irrévérence de la presse et à ne pas se montrer plus islamiste que certains groupes islamistes montés au créneau contre Nichane. Une escalade telle queles excuses adressées par le journal à «ceux qui se sont sentis offensés» n'avaient pas calmé le jeu. Les autorités avaient-elles pris peur de voir l'affaire s'internationaliser et prendre l'allure de celle des ca