Camp de Sanischare (est du Népal) envoyé spécial
«Combien de temps devrons-nous encore attendre ?» Assise dans sa petite hutte en bambou tapissée de papiers journaux, Tilamaya Bista désespère. «Nous étions agriculteurs, nous vivions bien au Bhoutan. Mais cela fait tellement longtemps que nous sommes coincés dans ce camp qu'aujourd'hui nos enfants ne savent même plus reconnaître une pousse de riz.» Depuis maintenant seize ans, des dizaines de milliers de réfugiés bhoutanais se morfondent dans des camps du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), à l'est du Népal. «[Une crise] tombée du radar international, mais qui n'est pas pour autant terminée : nous avons toujours 106 000 réfugiés à nourrir ici», rappelle Kaoru Nemoto, responsable du camp de Sanischare, qui accueille à lui seul plus de 20 000 personnes.
«Chassés». Dans les années 80, le petit royaume du Bhoutan, l'un des pays les plus fermés au monde, coincé entre l'Inde et la Chine, a introduit une série de lois ethno-nationalistes visant à préserver à ses yeux son identité, majoritairement bouddhiste. La nouvelle loi sur la citoyenneté, notamment, a abouti à l'expulsion de milliers de membres de la communauté lhotshampa, une minorité ethnique d'origine népalaise, majoritairement hindoue. Officiellement, la législation ne concernait que les clandestins et ceux qui s'étaient installés après 1958. Mais, à en croire les réfugiés de Sanischare, les autorités bhoutanaises ont ratissé large. «Nous étions inst