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Libération

Italie : les rondes nauséabondes de la Ligue du Nord

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publié le 19 janvier 2007 à 5h33

Chiarano envoyé spécial

«Je dois pouvoir dormir tranquillement», explique Ivano, patron d'une petite entreprise familiale de mécanique, qui est pourtant depuis quatre heures au volant d'une Jeep sillonnant, en pleine nuit, la «grande route» de Chiarano, les petites rues de ce bourg vénitien d'à peine 3 800 âmes, jusqu'aux chemins de terre qui mènent aux bâtisses les plus reculées. Avec ses deux acolytes, le jeune camionneur Alvaro et l'éleveur de poulets Alessandro, il participe depuis un mois et demi aux «rondes» nocturnes contre l'insécurité, organisées à l'initiative de l'autonomiste et xénophobe Ligue du Nord. Des patrouilles sont ainsi apparues dans plusieurs villages de la province de Trévise et même, depuis quelques jours, dans le chef-lieu de 100 000 habitants.

A Chiarano, il est presque minuit. Encore deux heures de surveillance prévues pour les trois hommes, militants de la ligue, qui ont revêtu leurs uniformes de la «protection civile». Entre les vignes, les champs de blé ou de soja et les hangars industriels qui témoignent d'une prospérité récente, ils traquent le moindre mouvement suspect dans le village désert. «Qui c'est celui-là ?» s'interroge Ivano, méfiant. Un coup de frein, un coup d'oeil. Un jeune homme s'est arrêté pour acheter un paquet de cigarettes au distributeur du bar local. La Jeep repart, bredouille. «Depuis un mois et demi que nous avons commencé à patrouiller, nous n'avons plus de problèmes», se félicite Alessandro, intarissa