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Le journaliste turc d\'origine arménienne, Hrant Dink, rédacteur en chef de l\'hebdomadaire Agos, a été abattu devant les locaux de son journal à Istanbul, rapporte la télévision turque. /Photo prise le 10 octobre 2006/REUTERS/Fatih Saribas (Hrant Dink dans son bureau, en octobre dernier. REUTERS)
par Ragip DURAN et Marc SEMO
publié le 19 janvier 2007 à 7h00

«Mon état d'âme est celui d'un pigeon inquiet», écrivait Hrant Dink il y a une semaine dans un long article publié dans Agos, le principal hebdomadaire arménien de Turquie, qu'il avait fondé il y a dix ans. Un texte tragiquement prémonitoire. Hrant Dink sentait monter le péril. Les menaces se faisant de plus en plus précises, par coup de téléphone ou lettres anonymes, il en avait transmis certaines à la justice mais aucune mesure de protection n'avait été prise.

Inlassable combattant pour les droits de l'homme, Dink répétait volontiers que «la question des minorités est l'un des aspects d'un combat plus général pour le pluralisme et la démocratie». Il s'adressait aux membres de sa communauté, quelque 60.000 personnes pour la plupart concentrées à Istanbul, dernières représentantes d'une population de plus d'un million de personnes au début du siècle dernier et depuis anéantie par les massacres de masse de 1915-1917 puis par l'émigration.

Mais il était aussi très écouté par les intellectuels libéraux turcs et par tous ceux qui se battent pour que la République fondée par Mustapha Kemal sur les décombres de l’empire ottoman après la première Guerre mondiale affronte la question du génocide arménien. Et ceux-ci forment une bonne moitié des quelque 5.000 acheteurs réguliers de son journal.

Hrant Dink était un symbole. C’est pour cela qu’il a été assassiné. C’est aussi pour cela qu’il était dep