Premier président de l'Assemblée nationale française à se rendre en Algérie depuis l'indépendance, Jean-Louis Debré aura eu droit à trois heures et demie d'audience avec Abdelaziz Bouteflika, dont deux heures d'entretiens en tête-à-tête. Et c'est assurément la durée de celui-ci qui est révélatrice de l'importance de la visite que ce familier de Jacques Chirac a achevée, hier, à Alger.
«Esprit et coeur». A lui seul, le «message écrit» du président français remis par Jean-Louis Debré au chef de l'Etat algérien donne la mesure des attentes de Paris concernant le fameux traité d'amitié entre les deux pays. Un traité renvoyé aux calendes grecques pour cause de désaccord sur les «excuses» que l'Algérie attend de la France pour la colonisation. Le président français n'insiste pas seulement sur le fait que «beaucoup a été réalisé ces dernières années pour conférer» aux relations bilatérales «la densité qui convient à deux nations proches par l'esprit et par le coeur». Il souligne que ces avancées, notamment dans les domaines économique et des visas, étaient «souhaitées par la partie algérienne».
Tout se passe en réalité comme si, à la veille d'une fin de mandat calamiteuse, Chirac n'avait toujours pas renoncé à finaliser le fameux traité d'amitié et testait les conditions de sa relance. Officiellement, cette affaire n'a pas été abordée entre Bouteflika et Debré. Mais ce dernier, sans aller jusqu'à formuler les «excuses» attendues, a fait un p