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Libération

La Guinée de Lansana Conté en voie d'implosion

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publié le 23 janvier 2007 à 5h36

La treizième journée de grève nationale en Guinée aura été la plus meurtrière. Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles à Conakry et dans sa banlieue, faisant dix-sept morts, selon les derniers bilans, et des dizaines de blessés. Six autres personnes auraient été tuées à Kankan et Siguiri, dans le nord-est du pays. Depuis le début du mouvement, le 10 janvier, les affrontements ont déjà fait au moins trente victimes. Dans la soirée, alors que la communauté internationale appelait au dialogue, le président Lansana Conté a choisi la répression. Des membres de la garde présidentielle ont arrêté à Conakry plusieurs leaders syndicaux, dont les chefs des deux centrales à l'origine du mouvement.

Salaire de misère. Hier à l'aube, les manifestants avaient afflué par milliers vers Conakry, noyé dans la brume jaune de l'harmattan, pour crier leur colère. Ils venaient des banlieues entourant la capitale, avec des pancartes et des slogans simples : «A bas le régime !», «A bas la corruption !», «Vive le changement !». Vingt-deux ans après l'arrivée au pouvoir de Lansana Conté, la Guinée, malgré ses fabuleuses richesses minières, est l'un des pays d'Afrique où l'on vit le plus mal : des salaires de misère, quand il y en a, peu ou pas d'électricité et d'eau courante, et aucun espoir que le militaire qui a succédé à Sékou Touré s'occupe un jour autant des affaires publiques que de celles de son clan.

Par prudence, Lansana Conté, 72 ans, affaibli par la maladie, a quitté sa résiden