Gilles Yabi, analyste au bureau Afrique de l'Ouest de l'International Crisis Group (ICG, groupe d'experts), était en Guinée aux premiers jours de la grève générale. Jusqu'à fin novembre, les syndicats semblaient privilégier le dialogue. Aujourd'hui, la Guinée se rapproche du point de non-retour.
La répression policière a-t-elle contribué à radicaliser le mouvement ?
Certainement. Mais l'absence de réaction du pouvoir y a largement contribué : le président Conté a d'abord prétendu ne pas être au courant de la grève ; il a ensuite demandé aux syndicats de mettre leurs revendications par écrit. Ce qu'ils ont fait en mentionnant, comme point essentiel, la nomination d'un Premier ministre chargé de former un gouvernement d'union nationale. Mais Lansana Conté leur a fait répondre par le président de l'Assemblée nationale, qui n'a même pas fait allusion à cette demande... On approche de la rupture. Toutefois, même si tout le monde s'accorde à dire que le principal problème, c'est le Président, beaucoup ne sont pas prêts à aller jusqu'à l'insurrection pour s'en débarrasser. La répression des années Sékou Touré marque encore les esprits, l'action collective est difficile à organiser. Tous les scénarios restent possibles.
Quels sont-ils ?
Le premier, c'est une intervention rapide de l'armée pour mettre fin au chaos ; le problème est de savoir qui ensuite prendra le pouvoir. Le deuxième, c'est un coup d'Etat militaire après une insurrection massive ; ce qui semble être le scénario qui se d