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Libération

A Istanbul, «nous sommes tous arméniens»

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Près de 100000 personnes ont manifesté hier lors des obsèques du journaliste Hrant Dink, tué vendredi par un jeune ultranationaliste.
publié le 24 janvier 2007 à 5h38

Istanbul de notre correspondant

C'est une véritable marée humaine. Des dizaines de milliers de personnes, jusqu'à 100 000, même, selon les organisateurs ­ des Turcs aussi bien que des Kurdes et des Arméniens, mais se revendiquant simplement citoyens de Turquie ­, défilent, recueillies, en brandissant des petites pancartes : «Nous sommes tous arméniens» ou «Nous sommes tous Hrant Dink». Assassiné vendredi par un jeune chômeur ultranationaliste, le directeur de l'hebdomadaire Agos était l'une des grandes voix de cette communauté réduite à 60 000 personnes.

Rêve. Depuis des années, il se battait aussi bien pour une reconnaissance du génocide de 1915 que pour la réconciliation entre les deux peuples. Il aura réalisé son rêve le jour de ses funérailles, qui se sont transformées en une immense manifestation, l'une des plus grandes des dernières décennies dans la métropole du Bosphore. Une marche de 8 kilomètres entre le siège d'Agos et le cimetière arménien. «Nous ne pouvons rien faire sans d'abord enquêter sur ce qui, dans notre société, crée de tels assassins. Tu nous as quittés, tu as quitté tes enfants, tes petits-enfants et tes amis, mais tu n'as pas quitté ta patrie», a lancé Rakel Dink, l'épouse de la victime, alors que le patriarche arménien de Turquie Mesrob II affirmait son espoir de «voir d'urgence les autorités prendre des mesures visant à éradiquer l'animosité envers les Arméniens en Turquie, notamment dans les manuels scolaires».