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Libération

Poussée de fièvre antilatinos dans la banlieue de Madrid

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publié le 25 janvier 2007 à 5h39

Alcorcón envoyé spécial

Sur la vaste place Maestro de Victoria, les policiers municipaux ont remplacé les groupes de jeunes latino-américains qui, d'ordinaire, occupaient le square et le terrain de basket jusque tard dans la soirée. A Torres Bellas, un quartier de tours et de barres en briques d'Alcorcón, une ville-dortoir du sud-ouest de Madrid, la plupart des collégiens et lycéens latinos sèchent les cours depuis le début de semaine. Certains de leurs aînés ne se sont pas présentés au travail. Par peur de représailles contre les sudacas, le nom péjoratif employé en Espagne pour désigner les Sud-Américains. Doris, une Equatorienne qui tient un bar donnant sur la place, se dit «très inquiète» : «Plusieurs jeunes Espagnols m'ont conseillé de ne plus sortir dans la rue. "Sinon, m'ont-ils menacé, on va te faire la peau !"» Attablé au bar, Diego, un jeune «militant antifasciste» espagnol, comme il se définit, est nerveux. Il a convoqué toutes les associations de jeunesse d'Alcorcón dans la soirée, sur la place Maestro de Victoria : «Nous voulons laver l'image raciste que les médias donnent faussement de la ville.»

Couteau. Depuis ce week-end, Alcorcón, 160 000 habitants (dont 13 % d'immigrés), est associé à une vaste «ratonnade» antilatinos. Pendant deux jours, autour de cette même place, des jeunes Espagnols et latino-américains se sont affrontés à coups de pierres, de bâtons et de battes de base-ball. A l'origine de ces bagarres, la presse fait