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Libération

Procès improvisé de la veuve Habyarimana

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L'épouse de l'ex-président rwandais demandait l'asile en France. On lui a renvoyé son rôle en 1994.
publié le 26 janvier 2007 à 5h40

Pour la première fois depuis 1994, Agathe Habyarimana s'est expliquée en public sur son rôle dans la planification du génocide au Rwanda. Rarement la salle d'audience numéro 1 de la Commission des recours des réfugiés (CRR), à Montreuil, avait vu une telle affluence. Supporteurs, adversaires, curieux et journalistes se pressaient pour voir cette femme de l'ombre, objet de toutes les suspicions et qui aime à se présenter comme une pauvre veuve ne se mêlant pas de politique. L'audience publique, qui a duré plus de cinq heures, s'est transformée en miniprocès de la femme du président Juvénal Habyarimana, assassiné le 6 avril 1994 dans un attentat contre son avion, qui donna le signal de départ du génocide qui a coûté la vie à quelque 800 000 Tutsis et opposants hutus.

Embarrassant. Un drôle de procès avec le rapporteur de la Commission dans le rôle du ministère public, des ténors du barreau parisien pour la défendre, un juge et deux assesseurs le secondant. Sauf qu'il n'y avait pas de témoin à la barre, ni de peine ou de non-lieu à la clé, mais un statut de réfugié politique pour le moins embarrassant. Le 10 janvier, l'Ofpra avait refusé la demande d'asile déposée par Mme Habyarimana, en 2004, dix ans après son arrivée en France. L'organisme avait jugé qu'elle ne pouvait y prétendre en raison de son rôle d'«instigatrice» ou «complice» du génocide rwandais, tout en reconnaissant qu'un renvoi au Rwanda constituerait une «menace» contre sa personne.

Agathe Haby