Rome de notre correspondant
Symboliquement, la mesure devait être adoptée avant le 27 janvier, Journée de la mémoire de l'Holocauste. Mais jeudi, le gouvernement de Romano Prodi a préféré renoncer. Le délit de «négation de la Shoah» ne sera pas introduit dans le code pénal transalpin. A l'occasion du dernier Conseil européen des ministres de l'Intérieur et de la Justice, qui s'est tenu à la mi-janvier à Dresde et au cours duquel l'Allemande Birgite Zypries avait demandé à l'UE d'adopter des sanctions contre les révisionnistes, le garde des Sceaux transalpin, Clemente Mastella, avait pourtant enchéri : «La civilisation européenne a le devoir de dire non au négationnisme. Il ne peut y avoir de liberté d'opinion quand il s'agit d'incitation à la haine raciale.» Et d'annoncer, dans la foulée, la présentation d'un texte allant dans ce sens au Conseil des ministres italien.
Mais la proposition a provoqué un véritable tollé parmi les historiens. A l'appel du professeur Marcello Flores, 150 d'entre eux, parmi lesquels Carlo Ginzburg ou Claudio Pavone, ont publié un manifeste intitulé : «Contre le négationnisme, pour la liberté de recherche», dans lequel ils dénoncent le risque d'établir «une vérité historique d'Etat». Pour eux, les lois en vigueur «suffisent à poursuivre les comportements criminels» en la matière. «Aujourd'hui, c'est le négationnisme qu'on cherche à punir, mais demain ?» s'interrogeait l'historien Angelo d'Orsi.
Devant cette levée de