Il aura fallu dix-huit jours de grève générale, 59 morts, selon le bilan officiel de la répression, et le risque d'une nouvelle explosion de violence pour faire fléchir le régime du président de la Guinée, Lansana Conté. Dans la nuit de vendredi à samedi, alors que les syndicats menaçaient d'appeler à une journée de manifestations aujourd'hui, le pouvoir a accepté la nomination d'un Premier ministre «chef du gouvernement». Une précision qui n'est pas purement rhétorique : jusqu'à présent, aucun Premier ministre n'a eu la moindre parcelle de pouvoir face à un clan présidentiel omnipotent à Conakry.
Vigilants. Prudents, les syndicalistes ont toutefois annoncé une simple «suspension» de leur mouvement. Ils attendent notamment d'être fixés sur le nom de ce futur «super»-Premier ministre et sur l'étendue de ses prérogatives, qui doivent être fixées par décret présidentiel. Dans la capitale guinéenne, les opposants au régime se disent également vigilants et certains jeunes, très remontés, n'excluent pas de descendre aujourd'hui dans les rues de Conakry.
La nature du régime n'incite guère à l'optimisme. Au pouvoir depuis 1984, Lansana Conté, un militaire formé dans l'armée coloniale française, est gravement malade depuis des années. Mais, selon l'analyste de l'International Crisis Group Gilles Yabi, il tient encore les rênes du pouvoir. Son état de santé défaillant, conjugué à la nouvelle donne politique, va exacerber les luttes de clans à Conakry. Ceux qui autour de l