Belfast envoyée spéciale
La pupille franche et l'espoir aux lèvres, Paul arbore fièrement son statut de jeune officier de la police nord-irlandaise. Il y a une décennie à peine, il aurait rasé les murs de Belfast. Paul est catholique. Intrus dans les rangs d'une institution historiquement dévolue aux protestants. «Je voulais, naïvement, améliorer les choses pour mon pays. Ma ville au nord de Belfast a été épargnée par les troubles et je le dois à la police.» Alors, en 2004, Paul s'est engagé après avoir achevé un mastère... en résolution de conflits. Comme lui, de plus en plus de catholiques rejoignent aujourd'hui les rangs de la nouvelle PSNI (Police Service of Northern Ireland), qui a succédé en 2001 à la RUC (Royal Ulster Constabulary).
Haine. Un engagement contre nature il y a encore trois ans et qui passe aujourd'hui presque inaperçu. «Dans mon escadron, je ne sais pas qui est catholique, qui est protestant, assure le jeune policier. Ça n'a plus vraiment d'importance à l'intérieur de nos rangs. Mais à l'extérieur c'est une autre histoire.» Car dans les quartiers réputés difficiles de Belfast, la haine de la police est encore palpable. «Des gamins de 4-5 ans nous jettent des briques, les gens nous insultent constamment. Certains de mes collègues catholiques ne peuvent pas retourner dans leur quartier, ils savent qu'ils seront attaqués par leur propre famille, leurs propres amis.»
Dans le quartier d'Ardoyne, des peintures murales dessinent la rési