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La sécurité canadienne se refuse à la double nationalité

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En limitant l'accès aux immigrés de pays «sensibles», l'industrie de défense, très dépendante des Etats-Unis, se soumet à la législation américaine.
publié le 30 janvier 2007 à 5h44

Montréal de notre correspondante

«On nous traite comme des citoyens de seconde classe.» George Nahas, employé d'origine syrienne de Bell Helicopter Textron à Mirabel (au nord de Montréal), a accueilli avec colère l'interdiction d'approcher les hélicoptères américains sur lesquels il travaille depuis dix-neuf ans. Comme 23 autres employés de cette entreprise qui travaille pour l'armée américaine, il a appris, début janvier, que sa double nationalité était devenue encombrante.

«Cornélien». Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont durci l'Itar (International Traffic in Arms Regulation), une réglementation qui empêche les entreprises travaillant sur du matériel militaire stratégique d'employer du personnel ayant la nationalité d'un pays considéré comme «suspect». Exit les immigrés cubains, vénézuéliens, afghans ou nord-coréens.

«La charte canadienne des droits et des libertés est explicite sur cette question de non-discrimination, mais Bell Helicopter Textron est une entreprise américaine dont l'un des plus gros clients est le Pentagone et elle emploie 1 600 personnes à Mirabel, précise Frédéric Mérand de l'université de Montréal. Elle se trouve face à un choix cornélien.» Le même scénario pourrait, selon le chercheur, se reproduire de plus en plus souvent car un compromis s'annonce difficile à trouver entre Ottawa et Washington.

Le Canada entretient des relations étroites avec la défense américaine depuis soixante-dix ans. Le chiffre d'affai