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Libération

Jordanie, terre d'écueils pour réfugiés irakiens

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Fuyant représailles politiques et kidnappings, le flux des Irakiens arrivant à Amman ne tarit pas.
par Marion TOUBOUL
publié le 31 janvier 2007 à 5h46

Amman correspondance

C'est un très bel immeuble situé dans les quartiers bourgeois de la capitale jordanienne. L'appartement est désert, seul un vieux canapé trône dans le salon. On pourrait croire que ses occupants viennent d'emménager. La famille Farman habite pourtant ici depuis cinq mois, depuis qu'elle a dû fuir l'Irak, une seule valise sous le bras : «Comment voulez-vous qu'on reconstruise une vie ici ? On a perdu tous nos repères. Et puis ici, on n'a ni travail, ni amis, ni famille», s'exaspère, Sundus, irakienne sunnite.

«Jungle». La jeune femme a quitté Bagdad avec son mari, son fils et son père un jour d'été, après l'assassinat de son frère cadet : «On était les prochains sur la liste, surtout mon mari. Doyen de la faculté des sciences de Bagdad, il a été menacé. Et puis Bagdad était devenu la jungle. On me faisait des remarques sur mon voile qui n'était pas bien mis, j'avais peur de mettre mon fils dans le jardin en me disant qu'on pourrait l'enlever. Comme on a de l'argent, on est les premiers visés. Ils savent qu'ils pourront demander une rançon.» «Ils», ce sont ces groupes qui veulent vider le pays de ses intellectuels : «Des unités spécialement formées ; l'Iran et les religieux», confie Sundus.

Elle en regretterait presque la dictature de Saddam Hussein : «C'était un père, mauvais certes, mais un père quand même. Quelqu'un capable de régler une dispute entre deux frères qui se haïssent», se souvient celle qui avoue aussi avoir insulté