Bucarest de notre correspondant
Les Roumains sont rivés à leurs postes de télé, spectateurs d'un duel au sommet de l'Etat qui se feuilletonne sur le petit écran. Un soir, le président, Traian Basescu, brandit un billet signé par le Premier ministre, Calin Tariceanu, dans lequel ce dernier demande au chef de l'Etat d'intervenir en faveur de son ami le «roi du pétrole» Dinu Patriciu, inculpé de fraude, évasion fiscale et délit d'initié.
Partis «vitrines». «Le chef du gouvernement fait le jeu des oligarques !» dénonce le Président. Quelques dizaines de minutes plus tard, toujours à la télévision, le Premier ministre accuse Basescu d'être à la solde de groupes d'intérêt du BTP. Le lendemain, un autre homme politique produit à son tour une note, signée cette fois du chef de l'Etat, qui demande au ministre de l'Economie d'intervenir en faveur d'une entreprise d'aluminium. «Nous sommes en plein délire politico-économico-médiatique !» s'exclame un observateur occidental vivant à Bucarest, qui en a pourtant vu d'autres. Jadis alliés, le démocrate Traian Basescu et le libéral Calin Tariceanu sont à couteaux tirés, chacun accusant l'autre de vouloir contrôler le pays. «Nous assistons à une tentative d'instauration d'un régime autoritaire, comme en Biélorussie», martèle sans rire le chef du gouvernement.
Pour l'analyste Iosif Boda, le scandale ne fait que commencer, car «les tiroirs des politiciens roumains sont remplis de ce genre de missives». «Partout en Europe d