La Havane correspondance
L'économiste Oscar Espinosa Chepe a fait partie des 75 dissidents et journalistes indépendants jugés sommairement lors de la grande vague d'arrestations de mars 2003. Condamné à vingt ans de prison, il a été relâché après quelques mois pour raisons de santé. Soixante-trois, des soixante-quinze sont aujourd'hui encore derrière les barreaux.
Qu'est-ce qui a changé depuis le 31 juillet et l'annonce de la maladie de Fidel Castro ?
Il n'y a pas eu de changements profonds et la répression continue, même si elle est un peu moins visible. Après l'annonce de la maladie de Fidel Castro, les Cubains ont vu la grande mobilisation militaire du régime et ils savent qu'ils sont toujours à la merci de la répression. Ils sont donc obligés de supporter la situation, mais cela peut avoir une limite et il pourrait y avoir alors une explosion sociale, petite ou grande. Ce n'est pas ce que nous souhaitons. Nous préférons que le gouvernement prenne des mesures de changement. L'idéal étant d'aller vers la démocratie, en commençant par libérer les prisonniers politiques.
Raul Castro peut-il incarner le changement ?
Le style de gouvernement a changé. Raul Castro affiche une volonté de diriger le pays collectivement, il laisse à d'autres une partie des initiatives, du jamais vu. Avant, il y avait une centralisation extrême du pouvoir autour de Fidel Castro. Raul a dit qu'il ne voulait pas copier son frère. Il reconnaît qu'il n'a pas son charisme. Mais il a de nombreux soutiens, not