Que faire quand une amende exorbitante trois millions de dirhams, soit 270 000 euros menace d'étouffer définitivement un journal ? Condamné à titre personnel en avril 2006 pour «diffamation», Aboubakr Jamaï, le directeur du Journal Hebdomadaire n'a trouvé qu'une solution : «démissionner».«J'ai décidé de quitter Le Journal pour éviter que la justice se rabatte sur la publication, les salaires des journalistes, ou saisisse le mobilier de la société éditrice», vient-il de préciser au cours d'une conférence de presse à Casablanca. Les choses s'étaient précipitées début janvier quand un huissier de justice est venu réclamer à Aboubakr Jamaï le paiement de cette amende, la plus lourde de l'histoire du pays.
Sahara Occidental. Cette démission allait marquer l'épilogue d'un long bras de fer avec les autorités. Celles-ci supportent mal les critiques de cet hebdomadaire indépendant qui repousse allégrement les lignes rouges fixées par le Palais. Et c'est la plus infranchissable d'entre elles le conflit du Sahara Occidental qui est à l'origine des tracas du Journal.
«Rapport téléguidé par Rabat», avait en effet commenté Jamaï au sujet d'une étude fort hostile au Front polisario qui, soutenu par l'Algérie, dispute au Maroc cette ex-colonie espagnole. La suite s'est jouée devant les tribunaux marocains quand l'auteur du rapport l'Esisc un très obscur centre de recherche européen, a attaqué Le Journal en diffamation.
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