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Libération

Colombie: les milices tuent encore

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Rien n'a changé malgré leur démantèlement l'an dernier.
publié le 3 février 2007 à 5h50

Bogotá de notre correspondant

Tout le monde en Colombie savait que Yolanda Izquierdo était menacée de mort. L'agricultrice de 40 ans, dirigeante d'une association de 800 victimes des groupes paramilitaires d'extrême droite, l'avait dénoncé dans la presse et auprès des autorités locales. Cela n'aura pas servi : elle a été abattue de six balles, devant sa maison, mercredi.

Collusion. Le meurtre a relancé une polémique sur le pouvoir persistant de ces milices, pourtant officiellement démantelées depuis l'an dernier. Créées à partir des années 80 par des officiers, des grands propriétaires et des trafiquants de drogue, ces armées privées illégales, fédérées en 1997 au sein des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), devaient lutter contre les guérillas. Mais, avec la collusion des autorités, elles se sont vite spécialisées dans le massacre et l'expulsion de civils, militants de gauche ou simples paysans. Leur démobilisation, malgré l'obligation de confession et de réparation faite à leurs chefs, n'aura pas profité aux victimes.

Dimanche dernier, c'était le président d'un comité de réfugiés internes du Córdoba, bastion historique paramilitaire, qui était assassiné. Une semaine plus tôt, le siège d'une association de femmes déplacées était incendié dans la même région. Ces crimes «sont clairement destinés à faire taire les victimes et éviter que la vérité se sache», a réagi l'ONG américaine Human Rights Watch, pour qui «la crédibilité de tout ce processus de démobilisation es