Pristina envoyé spécial
Dans le café, une serveuse monte le son de la télé, au moment où Martti Ahtisaari prend la parole. L'envoyé spécial de l'ONU vient présenter aux Kosovars ses propositions pour le futur statut du pays, exposées quelques heures plus tôt à Belgrade (lire ci-contre). Les consommateurs lèvent la tête, écoutent sans un mot. Les rues sont calmes, les abords du Parlement aussi. Pristina connaît depuis quelques jours l'essentiel des recommandations. Qui, du coup, semblent accueillies dans l'indifférence. «On n'a pas appris grand-chose, confirme Ahmed, 53 ans, mais ça fait du bien d'entendre l'essentiel : même si personne ne prononce le mot, on va vers l'indépendance et on ne sera plus rattachés à la Serbie.»
Xhevahir Kolgjini, 44 ans, professeur d'arts plastiques à l'université privée américaine, que fréquentent les enfants de l'élite kosovare, expliquait le matin que «les opinions ont été très préparées» à ces annonces. «Depuis des semaines, la télévision serbe annonce l'indépendance du Kosovo ; et la télévision kosovare prévient que le mot "indépendance" n'y figurera pas. Mais cela préoccupe moins les gens qu'ils l'imaginent.» Ces derniers jours, il a senti ses étudiants très concernés. «La séparation d'avec la Serbie, c'est comme le premier rendez-vous avec une fille. Cela semble acquis, mais, jusqu'au dernier moment, on a peur qu'elle ne vienne pas. Que le mot "indépendance" soit prononcé ou non, ils s'en fichent.»
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