Berlin de notre correspondante
«Quand je reviens à Halle, c'est la déprime qui me tombe dessus...» Tobias Müller, 38 ans, a quitté sa ville natale pour Berlin depuis bien longtemps. «Halle est vraiment une très belle ville. Mais on ne peut ni y vivre ni y travailler.» Depuis la réunification, cette ville typique de l'ex-RDA a perdu un tiers de sa population. Aux environs de la gare, des affiches «à louer» et des bâtiments en ruine attestent du désastre. Alignés au cordeau sur de mornes avenues, les grands blocs d'immeubles gris témoignent de l'urbanisme soviétique des années 60-70. Quelque part sur un mur, une main a barbouillé : «Mais qu'est-ce qu'on fout ici ?». Plus loin, dans le centre historique rénové, les loyers, plus élevés qu'à Berlin, sont devenus inabordables pour un salaire moyen. Quant au travail, c'est le désert. Halle compte 35 000 chômeurs pour 240 000 habitants. Un tiers d'entre eux pointe depuis plus d'un an et vit de l'aide sociale. Dans la branche de Tobias Müller, à savoir le marketing et les relations publiques, il n'y a aucun débouché.
Comme Tobias, plus de deux millions d'Allemands de l'Est ont quitté l'ex-RDA depuis 1990. La moitié d'entre eux avaient moins de 30 ans à leur départ. «L'émigré type est une femme de 23 ans dotée d'une formation professionnelle», explique Christiane Dienel, secrétaire d'Etat aux affaires sociales du Land de Saxe-Anhalt. «Ceux qui restent sont des hommes jeunes et non qualifiés. Ils n'ont pres