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Libération

«Ces procès: un jeu de massacre»

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Dénoncée, une Portugaise témoigne de la dureté de la procédure.
publié le 10 février 2007 à 5h59

Lisbonne correspondance

«J'ai avorté clandestinement en toute conscience. La décision n'a pas été facile. Mais devoir, en plus, endurer un procès... Ça a été terrible. J'ai été humiliée, bafouée, ma vie a été chamboulée.» Pour avoir interrompu sa grossesse, un acte passible de trois ans de prison en vertu des articles 140,141 et 142 du code pénal portugais, Ana (1), une célibataire de 28 ans, est devenue une criminelle. Le non-lieu obtenu en juin 2005 dans son procès ­ l'une des quatre affaires qui ont fait le plus de bruit au Portugal ­ ne semble pas l'avoir apaisée.

«Humiliation». Elle reprend le fil de son histoire : l'arrestation, les policiers qui resteront courtois, l'enquête, les interminables heures d'audience au tribunal, sa carrière mise entre parenthèses, sa vie sociale et affective réduite à néant. «Les policiers sont venus chez moi et j'ai reconnu les faits. Mais je n'ai jamais été maltraitée. Ma coaccusée a eu moins de chance. Elle a été prise sur le fait alors qu'elle se rendait à la clinique clandestine pour avorter.» Ana n'a pas eu à subir un, mais deux jugements. Son procès, une première fois classé sans suites, est rouvert, après un appel du ministère public. «Je m'apprêtais à tourner la page. J'étais partie au Brésil pour un projet qui me tenait à coeur et que j'avais déjà reporté à cause du procès. C'est ma mère qui m'a prévenue. Ton procès reprend, tu dois rentrer. A nouveau, c'était l'humiliation.»

Sage-femme inculpée. Comme l'appre