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Libération

Dans l'enfer mystique de Najaf

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Les 28 et 29 janvier, les forces irakiennes et américaines ont maté une rébellion de la secte chiite «les soldats du paradis», faisant un carnage.
par Jean-Pierre Perrin et Neil AHMED
publié le 12 février 2007 à 6h00

Que s'est-il passé près de Najaf, le plus grand sanctuaire du monde religieux chiite, les 28 et 29 janvier ? Une seule certitude : un effroyable carnage. Le ministère irakien de la Défense fait état de 263 tués dans les seuls rangs des insurgés et d'un demi-millier de personnes arrêtées, dont plus de la moitié étaient des blessés. Sans doute ce bilan est-il sous-estimé, comme c'est souvent le cas en Irak. Des sources convergentes parlent de centaines de morts, dont des femmes et des enfants. En fait, c'est une véritable bataille qui s'est déroulée non loin de la cité sainte qui abrite le mausolée d'Ali, le premier imam historique du chiisme, à la fois gendre et cousin de Mahomet, mais aussi les plus grands ayatollahs de cette confession et les écoles théologiques les plus réputées.

Black-out. Dans cet engagement qui a duré deux jours, les Américains, appelés en renfort par les troupes irakiennes, ont fait intervenir leur aviation et procédé aux bombardements les plus violents depuis la bataille pour Fallouja, le bastion de l'insurrection sunnite, reconquis fin 2004. L'événement témoigne que la guerre civile en Irak a largement débordé le seul clivage sunnite-chiite et que, dans un climat de déliquescence quasi général, elle oppose désormais les partis et tribus chiites entre eux. C'est probablement pour cette raison que les autorités irakiennes et américaines ont imposé un black-out sur cette tragédie, tenu les journalistes à l'écart de la zone et diffusé nombre de contrevéri