Beyrouth de notre correspondante
«Qu'est-ce que nous avons fait pour mériter cela ?» Nadia, mère de deux enfants, était chez elle, hier matin, dans le village d'Ain Alak, quand, aux alentours de 9 heures, elle a entendu une énorme déflagration puis des cris. Avec son fils, elle a rejoint la grande route qui serpente sur la montagne chrétienne du mont Liban. «Il y avait des blessés partout, une femme éventrée. Nous avons vu l'enfer.» Les victimes, qu'elle aide à transporter dans des ambulances de la Croix-Rouge, sont les passagers du premier bus qui a explosé, hier matin, au nord-est de Beyrouth. Quelques minutes plus tard, un second bus saute à son tour, à une centaine de mètres en amont. Selon un dernier bilan, ce double attentat qui, pour la première fois depuis la fin de la guerre civile, a ciblé des véhicules de transport en commun aurait fait trois morts et une vingtaine de blessés.
«Message clair». Il survient à la veille du rassemblement prévu dans le centre de Beyrouth pour célébrer le deuxième anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, dans un contexte de crise politique aiguë. «C'est un message clair : les auteurs de l'attentat veulent dire aux gens de ne pas prendre les bus pour participer demain au rassemblement», a expliqué Saad Hariri, chef de la majorité et fils du Premier ministre assassiné. Les deux bus, d'une capacité totale d'une soixantaine de personnes, appartenaient à des membres des familles Saliba et Gem