La Commission des recours des réfugiés a débouté hier Agathe Habyarimana, la veuve de l'ancien président rwandais assassiné le 6 avril 1994, de sa demande d'asile, confirmant la décision de l'Ofpra du 4 janvier. La commission a donc suivi son rapporteur, qui estimait, à l'audience publique du 25 janvier, que de fortes présomptions de «complicité de génocide et de crimes contre l'humanité» pesaient à l'encontre de la requérante.
La veuve du président Habyarimana qui vit en France depuis 1994 sans aucun papier ni statut a l'intention de se pourvoir devant le Conseil d'Etat, qui devra se prononcer sur les aspects juridiques et procéduriers de la décision. Mais un tel recours n'est pas suspensif d'une éventuelle expulsion. Il n'y a toutefois quasiment aucune chance que l'encombrante hôte soit contrainte de quitter la France. Bien que Kigali l'ait placée sur la liste des suspects de génocide de première catégorie, Paris ne peut pas l'expédier dans un pays, où la peine de mort est toujours en vigueur et où un jugement équitable n'est pas garanti.
De plus, une expulsion nécessiterait l'accord d'un pays d'accueil. Ce qui risque de se révéler difficile, sachant qu'une plainte avec constitution de partie civile pour «complicité de génocide» a été déposée, mardi, par une association au tribunal d'Evry. Sachant, surtout, qu'Agathe Habyarimana pourrait faire l'objet d'une des douze inculpations placées sous scellés par le procureur du Tribunal pénal international pour le