Alors que Conakry, la capitale de la Guinée, a retrouvé hier un semblant de normalité dans la journée, les organisations des droits de l'homme dénoncent une campagne d'intimidation contre les civils, menée essentiellement la nuit. Des sources guinéennes font état de centaines d'arrestations à travers le pays. L'action des forces de l'ordre vise, vraisemblablement, à empêcher toute nouvelle manifestation contre le régime aux abois du président Lansana Conté.
Décrépitude. Il y a dix jours, la nomination d'un Premier ministre, Eugène Camara, proche du chef de l'Etat, avait provoqué une explosion de violences sans précédent dans ce pays en décrépitude, malgré ses innombrables ressources minières. Décrété le 12 février, après plusieurs semaines de contestation qui ont fait au moins 113 morts, l'état de siège octroie de larges pouvoirs à l'armée.
Sur ordre du chef d'état-major, le couvre-feu décrété a toutefois été allégé dimanche soir : il est désormais en vigueur de 18 heures à 6 heures du matin. La circulation a repris dans les rues de la capitale. Mais cette normalisation est en trompe-l'oeil. La plupart des commerces sont demeurés fermés. Les syndicats, qui sont à la pointe de la lutte contre le pouvoir, ont en effet maintenu leur appel à la grève illimitée. «Ce sont surtout les femmes qui ont repris leurs déplacements. Dès qu'un groupe d'hommes se forme, la police intervient pour le disperser à coups de bâtons», indique une source humanitaire.
Même si le nombre de blessé