Les trois membres de la commission d'enquête rwandaise sur le rôle de la France dans le génocide de 1994, envoyés en France pour y effectuer des auditions, sont rentrés, hier, bredouilles ou presque. Le général de brigade Jérôme Ngendahimana, vice-président de la commission, l'universitaire Jean-Paul Kimonyo, politologue à l'université de Québec, et Géraldine Bakashyaka, secrétaire de la commission, ont séjourné deux semaines à Paris afin d'auditionner une trentaine de témoins clés.
Arrivés le 7 février après avoir obtenu un visa in extremis, ils ont été accueillis par un communiqué cinglant du ministère de la Défense : «La décision unilatérale prise par le Rwanda de rompre les relations diplomatiques avec la France [à la suite de l'enquête du juge Bruguière attribuant au président Kagamé la responsabilité de l'attentat du 6 avril 1994, ndlr] ne nous paraît pas propice à la venue de cette commission dans notre pays qui ne lui reconnaît ni légitimité ni compétence pour y conduire ses auditions.» Dans une lettre adressée à Dominique de Villepin, la commission avait demandé au Premier ministre de faciliter des «rencontres officielles» avec toutes les parties concernées par ce dossier. Elle avait dressé une liste d'une trentaine de noms, dont 60 % de militaires. Dominique de Villepin, à l'époque numéro 2 du Quai d'Orsay, n'y figure pas.
A défaut de pouvoir auditionner les témoins demandés, les membres de la commission ont rencontré, de manière informell