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Libération

Des voix dans la nuit pour garder l'espoir

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Grâce à la radio, les familles peuvent transmettre des messages à leurs proches séquestrés.
publié le 23 février 2007 à 6h17

Bogotá de notre correspondant

Une heure du matin. Comme tous les dimanches, Magdalena Rivas se lève, un châle jeté sur les épaules, et décroche son téléphone. Inlassablement, elle compose et recompose les numéros copiés sur un petit carnet jusqu'à obtenir le standard de Voces del Secuestro, «les Voix de l'enlèvement». Toutes les semaines, elle envoie, à travers cette émission de la radio colombienne Caracol, un message à son fils, un policier enlevé il y a plus de huit ans par la guérilla d'extrême gauche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), dont elle n'a aucune nouvelle depuis 2003. «C'est sacré, je ne peux pas rater une journée», raconte-t-elle. En semaine, c'est à 5 heures du matin, par une station concurrente, Antena 2, qu'elle adresse ses messages d'encouragement, mêlés aux voix des proches des centaines d'autres séquestrés que compte la Colombie.

Comme son fils, 56 d'entre eux sont des otages politiques et militaires, que les Farc n'accepteraient d'échanger que contre leurs combattants prisonniers ­ troc auquel se refuse le président conservateur Alvaro Uribe. Les autres peuvent être des kidnappés «financiers», que la guérilla ou la délinquance commune libère après négociation d'une rançon, ou des personnes disparues entre les mains de milices paramilitaires ou d'inconnus. «Une femme nous a appelés la semaine dernière pour parler à son fils dont elle ne sait plus rien depuis dix-huit ans», raconte Miguel Angel Gaviria, l'un des béné