Bogotá de notre correspondant
Fernando Araújo, qui reçoit en costume-cravate dans un vaste appartement des quartiers chics de Bogotá, croit encore «vivre un rêve». Lundi, il a été nommé ministre des Affaires étrangères colombien par le président conservateur Alvaro Uribe ; six semaines plus tôt, le 31 décembre, il se réveillait encore dans un hamac, comme tous les matins depuis six ans, surveillé par deux adolescents des Forces armées révolutionnaires de Colombie. «Ce jour-là, j'avais préparé une liste d'objectifs à atteindre pour 2007, raconte-t-il. Mais je ne prévoyais pas encore la liberté...» Les circonstances la lui ont offerte : cette veille de nouvel an, la confusion d'un combat lui a permis de s'évader et de retrouver les siens après une fuite de cinq jours.
Scandale immobilier. Son «calvaire» a débuté un petit matin de décembre 2000, sur une avenue chic de Carthagène. Fils d'une riche famille de la ville caribéenne, propriétaire du principal quotidien régional, El Universal, l'homme politique conservateur avait dû quitter son poste de ministre du Développement quelques mois plus tôt, à la suite d'un scandale immobilier. C'est donc sans escorte qu'il faisait son footing lorsque des délinquants l'ont enlevé, avant de le «vendre» aux Farc...
«J'ai été un de leurs premiers otages politiques», explique le tout nouveau ministre. La guérilla avait déjà enlevé des centaines de policiers et soldats, mais avait décidé de grossir son buti