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Libération

Le viol qui divise l'Irak

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Humiliée par des policiers chiites, la victime sunnite a témoigné à la télé.
publié le 23 février 2007 à 6h16

Amman envoyé spécial

C'est la première fois qu'une Irakienne dénonce à la télévision le viol collectif dont elle a été victime à Bagdad, qu'elle ose aussi le faire sans dissimuler totalement son visage, sous un nom qui est sans doute d'emprunt, mais celui d'une des plus grandes tribus sunnites du pays. Diffusée lundi soir en exclusivité par la chaîne de télévision satellitaire qatarie Al-Jezira, l'interview a fait aussitôt le tour des capitales arabes, d'autant que les violeurs présumés sont des policiers chiites irakiens.

«La faire sortir d'Irak». A Amman, sur le téléphone d'un intellectuel irakien réfugié en Jordanie, les appels et les SMS ne cessaient hier d'affluer avec souvent ce message : «Il faut absolument la faire sortir d'Irak, il faut qu'elle témoigne devant tous les médias.» Car c'est aussi la première fois dans le monde arabe que des violences sexuelles, un sujet habituellement tabou, agitent les autorités religieuses, font s'affronter entre elles les télévisions, provoquent un conflit au sein des autorités et éclipsent même l'offensive des forces irako-américaines pour sécuriser Bagdad.

Lors de sa longue interview ­ pas moins de quatre minutes ­, la jeune fille, couchée sur un lit et dont on ne voit que les yeux filmés en gros plans, raconte qu'elle a d'abord été kidnappée par des policiers irakiens lors d'un raid contre sa maison, dans le quartier sunnite d'Al-Amel (sud-ouest de Bagdad). Conduite dans un lieu inconnu, elle y sera violée et battue à plusie