Pékin de notre correspondante
Ce devait être une fête. Mais ses amis ont eu le «coeur brisé», jeudi, en accueillant Gao Yaojie à l'aéroport de Pékin. La vieille dame de 79 ans semblait perdue, seule avec un bagage trop lourd, rempli de cadeaux et de médicaments. Trop âgée, trop fragile pour continuer le combat harassant qu'elle mène depuis onze ans contre le scandale du sang contaminé dans sa province du Henan.
Icône. Le mois de février a été une épreuve. Invitée en mars à Washington pour recevoir le prix d'une ONG parrainée par Hillary Clinton, cette gynécologue à la retraite a cru revenir dix ans en arrière, lorsqu'elle dénonçait les dizaines de milliers de victimes du sida contaminées lors de campagnes officielles de vente de sang dans le Henan. Alors qu'elle s'apprêtait à partir à Pékin pour des formalités de visa, le Dr Gao a été assignée à résidence dans sa ville de Zhengzhou, surveillée par des policiers en bas de chez elle, interdite de visites et téléphone coupé. Cette militante devenue une icône autant en Chine, où elle a été encensée par la télévision nationale, qu'à l'étranger avait déjà été empêchée par deux fois de se rendre aux Etats-Unis. Tout le mois de février, des officiels se sont succédé chez elle pour la convaincre de renoncer à son voyage, au motif qu'elle risquait d'être «instrumentalisée», tandis que ses amis s'activaient à diffuser la nouvelle de sa semi-arrestation. La campagne a payé. Le gouvernement central, plus souple sur la questio