Conakry correspondance
De son bureau il ne reste rien, hormis une petite écritoire sur laquelle elle a écrit à la main son nom et sa fonction : «Rabiatou Sérah Diallo, secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée».«Ils ont tout cassé, ils m'ont tout pris, mon ordinateur, mes dossiers, l'argent de nos adhérents», raconte cette petite femme qui mène depuis des semaines le combat contre le président-dictateur guinéen, Lansana Conté. «Ils», ce sont les bérets rouges, membres de la garde présidentielle, envoyés pour intimider la syndicaliste et ses militants. Il en faut plus pour décourager Rabiatou Sérah, qui a gardé une détermination de jeune militante pour mener l'un des plus importants combats de sa vie de syndicaliste. «Le président Lansana Conté a signé un décret concédant la nomination d'un Premier ministre, chef de gouvernement. Il doit l'appliquer, un point c'est tout.» (lire ci-contre).
Etat de siège. Depuis le lancement par l'intercentrale syndicale CNTG-USTG (Union syndicale des travailleurs de Guinée), le 10 janvier, d'un troisième mouvement de grève générale exigeant le changement en Guinée, 120 personnes ont trouvé la mort au cours de manifestations violemment réprimées par les forces de l'ordre. Violences notamment exercées par l'armée, qui a eu les pleins pouvoirs durant l'état de siège qui a duré douze jours.
Déterminée, Rabiatou Sérah dit «l'avoir toujours été», ajoutant que «c'est naturel». Tout