Séoul envoyé spécial
Chaque mercredi matin, dans le quartier de Chongro, à Séoul, face aux grilles de l'ambassade du Japon, et à deux pas de l'ambassade des Etats-Unis, les crimes de guerre de l'ancien occupant japonais hantent la mémoire de dizaines de vieilles femmes coréennes. Ces survivantes, appelant au boycott des produits made in Japan et luttant avec leurs tracts et calicots contre l'oubli, furent dans les années 30 et 40 des ian-fu (littéralement des «femmes de réconfort»). Autrement dit, des esclaves sexuelles de l'armée japonaise.
Marquées à vie. Malgré leur grand âge et leur fatigue, ces femmes participent chaque semaine à un sit-in sous les fenêtres de la mission diplomatique nippone. Il en est ainsi depuis près de «sept cents semaines», dit-on. Un rendez-vous avec la mémoire pour un objectif commun : rappeler aux médias, à l'opinion coréenne et internationale mais aussi japonaise , le calvaire qui fut le leur. Tout en réclamant des compensations et dommages de guerre. A l'heure où l'ancien «Grand Japon» de l'empereur Hiro-Hito étendait son emprise en Asie, et avant même qu'il vide (dès 1937) de vastes régions chinoises de leurs populations, l'esclavage sexuel avait été autorisé par l'état-major nippon afin d'apaiser, sur le front, les frustrations de ses soldats, privés de permissions et de congés. C'est ainsi que des dizaines de milliers de femmes (200 000 selon les historiens, majoritairement coréennes) furent raflées, vendues (souvent avec l'