Belfast envoyée spéciale
Soixante ans qu'il empêche les leaders britanniques de tourner en rond. Plus d'un demi-siècle qu'il arpente de sa longue silhouette la scène politique nord-irlandaise. L'index pointé en avant, la bouche tordue par l'indignation, l'homme semble hurler son credo depuis la nuit des temps : «No surrender» (pas de capitulation).
Pour ses fidèles, Ian Paisley, chef du plus grand parti protestant d'Irlande du Nord est le «grand Ian», bouclier contre l'ennemi catholique, figure robuste dressée contre l'establishment britannique qui rêve d'imposer la paix en Ulster. Pour ses détracteurs, il est «Dr No». Car le droit fil de sa vie politique est jalonné de refus. Non à l'homosexualité. Non au pape et à ses fidèles. Non à un rapprochement entre la république d'Irlande et les comtés du nord. Constant, l'homme l'est sans aucun doute dans l'opposition. John Hume, l'ex-leader du SDLP (parti travailliste catholique), lui aurait dit un jour : «Ian, si le mot non devait être retiré de la langue anglaise, vous seriez réduit au silence !»«Non», aurait répliqué Paisley.
Musclé. Son goût pour l'opposition remonte à loin. En 1951, il a 25 ans. Jeune pasteur fraîchement ordonné, il organise une mission gospel dans une église du sud de Belfast. Les autorités presbytériennes lui en ferment la porte. Furieux, Paisley fonde l'Eglise libre presbytérienne. Son combat est lancé. Reste à trouver une cause à sa mesure. Ce sera la politique. Mais plutôt