Belfast envoyée spéciale
A la veille du triomphe annoncé du DUP (Parti démocratique unioniste) et de son rival républicain Sinn Féin, les héritiers du conflit d'hier sont devenus indifférents. Seuls 44 % des 18-24 ans s'étaient rendus aux urnes aux élections de 2005, 20 % de moins que la moyenne. Et les prévisions des partis pour ce mercredi de vote ne sont guère plus optimistes.
Camps ennemis. Mardi, à la cafétéria de l'université de Stranmillis, à l'est de la ville, trois jeunes filles de première année s'attardent devant leur déjeuner. Toutes trois sont protestantes. Elles jettent un regard critique vers les vieux leaders. «Ils sont trop butés, regrette Lauren, 19 ans. Gerry Adams comme Ian Paisley. La guerre dont ils nous rebattent les oreilles est celle de ma grand-mère, ce n'est plus la nôtre. Il est temps de passer à autre chose.»
Dans un petit restaurant bon marché du centre-ville où s'entassent des étudiants, Adrienne et Dale discutent dans la vapeur d'une tasse de thé. L'une est catholique, l'autre protestant. Ils sont amis depuis des années. «Adams et Paisley sont des fantômes du passé», affirment-ils en choeur. Cheveux roux en bataille et barbichette, Dale a 25 ans. Il regrette que le DUP ait sacrifié si longtemps le bien-être matériel des Nord-Irlandais à la sécurité du camp protestant. Mais les élections du lendemain, reconnaît-il, amorcent le changement. Dans les programmes politiques, la taxe sur l'eau et les problèmes de logement so