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Libération

L'espoir de retour des Négro-Mauritaniens

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Le sort des milliers de réfugiés, expulsés en 1989 vers le Sénégal, n'est toujours pas réglé.
par Lemine Ould M. SALEM
publié le 10 mars 2007 à 6h34

Podor (Sénégal), Nouakchott (Mauritanie) correspondance

«Combien de temps devrons-nous rester encore ?» Tout en tressant sa petite dernière, 6 ans, à l'ombre d'un manguier, Fatou Diop désespère. Elle vit à la périphérie de Dagana, une bourgade du nord du Sénégal. «Je suis arrivée ici, j'étais adolescente. Maintenant, je suis mère de famille. Lorsque j'étais en Mauritanie, j'habitais à Nouakchott avec mes parents, on vivait bien. Au lycée, je rêvais de diplômes et d'un bon travail. Rien à voir avec ce que je fais ici. Je suis teinturière et mon mari n'a pas de travail.»

Comme elle, ils sont des milliers de réfugiés d'origine négro-mauritanienne à se morfondre depuis dix-huit ans dans des camps le long du fleuve Sénégal, qui tient lieu de frontière entre leur pays d'accueil et leur pays d'origine. «Une tragédie malheureusement oubliée par tous», dit Mamadou Bocar Ba, proche conseiller d'Ibrahima Moktar Sarr, premier nationaliste noir à briguer la présidence de la Mauritanie.

Des 19 candidats à la présidentielle, organisée ce dimanche dans l'ancienne colonie française, il est le seul à avoir fait de la question négro-mauritanienne le thème numéro 1 de sa campagne. Les autres se contentant de rappeler qu'ils sont favorables à un règlement rapide du douloureux dossier.

Représailles. Arrivés au Sénégal par vagues, ces réfugiés ont tous été expulsés de Mauritanie entre le printemps et l'été 1989: en avril, un incident entre paysans soninkés sénégalais et pasteurs